Texte de Lété Georges

J'ai été arrêté la nuit du 19 au 20 juin 1944 par la G.F.P. de Mons sous l'inculpation de faire partie du W.C., d'aide aux réfractaires sabotages, vente de journaux, collecte d'argent, dépôt et réparation d'armes.

Incarcéré à la prison de Mons, j'ai été interrogé pour la 1ère fois le 14 juillet. J'ai d'abord été interrogé correctement pendant une 1/2 heure, ne voulant pas parler, je dus descendre à la cave de torture où je fus complètement déshabillé,devant mon refus de parler, ils me firent mettre à cheval, le ventre sur une table. Muller debout me prit la tête entre les jambes et un autre que je crois être Cheron ou Scouflaire me tenait par les pieds, je fus ensuite battu avec un cerf de boeuf et une cravache pendant environ une heure depuis le bas des reins jusqu'aux mollets. Après cela je tombai évanoui et quand je revins à moi, j'étais retourné dans ma cellule. Interrogé une deuxième fois vers le 25 juillet, ils recommencèrent la même séance pendant deux heures de plus, assis dans un fauteuil, ils me placèrent un serre-tête et le serrèrent à tel point que j'avais l'impression que ma tête s'allongeait. Devant mon refus de parler et pendant que j'étais par terre, à demi évanoui, j'entendis que l'un d'entre eux allait faire appeler Henri Col de Sirault, détenu depuis le même jour que moi. Cet homme est venu à l'interrogatoire devant moi et m'a accusé d'avoir participé en sa compagnie à l'assassinat du garagiste Maric de Stambruges, ce dont j'étais totalement innocent ainsi que lui-même qui s'accusait sans y avoir participé. Voyant cela, ils m'ont tellement battu que je dus avouer ce crime dont j'étais innocent. Quand j'ai avoué, ils arrêtèrent et je dus raconter le drame donc j'inventais toute sorte de mensonges. J'oubliais de déclarer que j'ai été de cela dans une cave humide presque nu après avoir été battu pendant près de trois heures. Le 17 août, j'ai été expédié au camp de Beverloo jusqu'au 15 septembre1944.

Au moment de mon arrestation, ils m'ont volé un costume et un pardessus qui étaient rangés sur une chaise et du linge qui se trouvait dans un meuble qu'ils fouillèrent. En plus, ils m'ont pris 680 fr. en argent et des papiers d'affaires.