Panneries ou tuileries
Aujourd’hui, le village de Sirault ne fabrique plus de tuiles, mais cette industrie, autrefois si florissante, plonge ses racines loin dans le passé, remontant même à l’époque des Romains. Le sous-sol de Sirault, généreusement pourvu en ressources naturelles telles que la roche carbonifère, l’argile, la terre glaise, le silex et le sable, a toujours constitué un terrain particulièrement favorable à la production de matériaux de construction comme la chaux, les briques, les tuiles, ainsi que diverses poteries artisanales. Dès l’Antiquité, les Romains avaient d’ailleurs reconnu et exploité ces richesses, installant ainsi les premières bases d’une tradition industrielle qui allait perdurer pendant des siècles.
Pendant longtemps, la fabrication de tuiles et d’autres produits liés à la terre cuite fut l’activité économique principale du village, donnant du travail à de nombreux habitants et contribuant largement à la prospérité locale. En 1789, la valeur d’un lot de mille tuiles fabriquées à Sirault atteignait 55 livres, ce qui témoigne de l’importance commerciale de cette production à cette époque. Ce savoir-faire se transmit de génération en génération, façonnant l’identité même de la communauté.
Au cours du XIXe siècle, cette industrie connut un véritable essor. En 1870, le village comptait jusqu’à trente-six tuileries ou panneries, ateliers où l’on façonnait les tuiles avec soin et précision. Ces établissements, souvent de petite taille, étaient concentrés sur des surfaces relativement réduites. Par exemple, sur un espace de seulement cinq cents mètres carrés, on pouvait trouver jusqu’à trois panneries distinctes, chacune employant entre deux et trois ouvriers. Ces travailleurs venaient principalement de Sirault même, mais aussi des villages voisins comme Neufmaison, contribuant ainsi à un réseau local d’artisans dévoués.
Toute cette activité industrielle avait un rôle social et économique crucial pour le village. Elle rythmait la vie quotidienne de ses habitants, offrait un revenu stable à de nombreuses familles et participait à la vitalité de Sirault. Pourtant, avec le temps, les progrès technologiques, les changements économiques et les transformations du marché firent disparaître progressivement cette industrie emblématique. Aujourd’hui, il ne reste que peu de traces visibles de ce passé laborieux, mais l’histoire des tuileries de Sirault continue de résonner dans la mémoire collective comme un témoignage précieux de la tradition artisanale et industrielle locale.
Tegulae : tuile romaine du 1er ou 2ᵉ siècle après Jésus-Christ retrouvée à Sirault
La tegula était, dans l’Antiquité, une tuile plate utilisée pour couvrir les toits. Elle était ordinairement fabriquée en argile cuite au four, mais, dans certains bâtiments somptueux, on pouvait également en trouver en marbre ou en bronze, parfois même dorée.
Tuilerie mécanique du Hainaut "Lupan"
La tuilerie de Sirault a vu le jour avant la révolution de 1830, marquant le début d’une activité artisanale qui allait profondément marquer l’histoire industrielle du village. En 1868, l’ancienne tuilerie manuelle, autrefois exploitée par Monsieur Morel, médecin respecté de Sirault, fut modernisée et transformée en une tuilerie mécanique. Cette transformation permit d’augmenter considérablement la production, sous la direction d’une équipe venue de France.
Par la suite, la tuilerie fut reprise par Monsieur Lupant, originaire de Frameries, également connu pour être le dirigeant du siège « Carabinier » des charbonnages de Pont-de-Loup. Sous sa houlette, la tuilerie gagna en importance et, avec ses héritiers, elle fut organisée en Société Anonyme sous le nom de « Tuilerie mécanique du Hainaut », qui poursuivit ses activités jusqu’aux environs de 1935. C’est à cette époque que Jules Duvinage entra comme actionnaire, apportant un nouveau souffle à l’entreprise familiale.
Cependant, les années suivantes furent marquées par des drames. En 1937, l’un des membres de la famille Lupant mourut subitement, et son beau-frère le suivit quelques années plus tard, vers 1940, emporté par les séquelles d’un choc traumatique subi lors de la bataille de la Lys. Ce double coup dur laissa l’entreprise dans une situation délicate, que M. François Lebailly tenta de redresser en reprenant la gestion des tuileries. Malheureusement, son engagement fut de courte durée, car il décéda lui aussi en 1943.
Après ces pertes successives, seules les veuves Lupant et Jules Duvinage restaient actionnaires. En 1950, Jules Duvinage racheta entièrement l’exploitation, marquant ainsi un nouvel épisode dans l’histoire de la tuilerie. La famille Duvinage était profondément liée à cette industrie : le père de Jules y avait travaillé pendant 66 ans, Jules lui-même consacra 55 années à la tuilerie, et son fils y travailla également pendant 13 ans, jusqu’à sa mort prématurée à l’âge de 35 ans en 1961.
Cette succession de drames familiaux et professionnels conduisit finalement à la fermeture de la tuilerie. L’exploitation fut vendue, puis totalement démantelée par les nouveaux propriétaires, qui firent disparaître les vestiges de cette industrie autrefois prospère. Aujourd’hui, il ne reste plus aucune trace de cette usine, qui fut pourtant le cœur battant de la vie économique de Sirault pendant plus d’un siècle.
Courrier de l'Escaut du 15 mai 1857
Tribunal correctionnel de Tournai
Audience du 2 mai 1857
Pierre-Joseph Galand, propriétaire et fabricant de pannes à Sirault, est venu sur le territoire de Stambruges et y a utilisé sa promenade. Le gibier abonde dans cette localité. Il s'avisa de tendre des lacets, mais il fut mis en contravention et le tribunal le condamne à 100 francs d'amende ou dix jours de prison.
La panne de Sirault
La panne de Sirault se distinguait par sa simplicité, une simple ondulation permettait le recouvrement sans emboitement.
Tout était fait à la main, on extrayait la terre glaise dans les bocages puis elle était placée en tas dans un malaxeur actionné par un cheval. Après avoir été pressée pour prendre sa forme, la tuile séchait naturellement durant trois ou quatre jours avant de cuire au four 48 heures. Un homme pouvait en faire 1.300 par jour.
Sirault Neufmaison Villerot
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