La Grande Guerre à Sirault
Sirault, à l’instar de tant d'autres villages belges, n’échappa pas aux affres de la Première Guerre mondiale. Huit de ses fils tombèrent au champ d’honneur : Ars Ulysse, Bondiau Désiré, Danneau Achille, Hautecoeur Henri, Lété Emile, Miroir Amand, Rosier Odon et Simonis René. Leurs noms restent gravés dans la mémoire collective comme autant de symboles de courage et de sacrifice.
Les troupes allemandes firent leur entrée à Sirault le 22 août 1914, sans qu’aucun combat ne soit livré dans la commune. La veille au soir, une patrouille ennemie avait déjà mené une reconnaissance jusqu’au lieu-dit du "Noir Bonnet". Le lendemain matin, une importante formation allemande, équipée de mitrailleuses, arriva par la gare de Sirault. Ils s’emparèrent immédiatement des installations de télégraphe et de téléphone, qu’ils détruisirent. Peu après, vers 9h15, ils arrêtèrent un train de voyageurs en provenance d’Ath et mirent la locomotive hors service. La colonne ennemie traversa ensuite le village par la rue du Cavin, en direction du Happart, poursuivant sa route vers Stambruges.
Dès leur arrivée, les Allemands imposèrent au village un régime d’occupation marqué par les réquisitions, les exactions et la peur. Plusieurs habitants furent déportés en Allemagne ; six d’entre eux périrent des suites de cette captivité inhumaine : Debay Silva, Degobert Louis, Dincq René, Dupuis Sylvain, Leclercq Théophile et Lecocq Jules.
À l’automne 1918, alors que l’armée allemande battait en retraite, les troupes britanniques, venues de Stambruges, pénétrèrent dans Sirault dans la matinée du 9 novembre. Durant la nuit du 9 au 10 novembre, les Allemands, retranchés dans les environs du bois de Lens et d’Herchies, bombardèrent le village. Plusieurs obus s’abattirent notamment dans les alentours du Moulin à Papier. Deux jours plus tard, l’armistice était signé, mettant fin à plus de quatre années de souffrances.
Le 17 novembre 1918, un tragique accident vint assombrir la joie retrouvée : un avion anglais qui survolait Sirault s’écrasa dans le "Champ du Glandin", coûtant la vie à l’un de ses occupants.
Quelques semaines plus tard, le 5 décembre 1918, Sirault connut un événement rare : le roi George V d’Angleterre, en visite officielle des cantonnements britanniques entre Mons et Tournai, traversa le village en compagnie du prince de Galles. Arrivé à Stambruges, il descendit de voiture et parcourut à pied le chemin jusqu’à la maison communale. En mémoire de ce passage historique, la rue qu’il emprunta fut baptisée "Rue Georges V", un hommage à la solidarité entre les peuples dans cette terrible épreuve.
Nos Héros de la première guerre mondiale
Désiré Blondiau et Adhémar Delcourt de Grosage, marié à Hélène Blondiau
Photo prise le 21 août 1908
(Document Mangelinckx Didier)
Prisonniers, et combattants de guerre 1914 - 1918
ARS Ulysse, né à Sirault le 31 mars 1894, décédé le 18 mars 1918 (3ème régiment de carabiniers).
BLONDIAU Désiré, né à Neufmaison le 10 octobre 1885, matricule 57298, décédé le 25 novembre 1914 à Oostkerke-les-Dixmude.
BODSON Camille, né à Sirault le 30 novembre 1887, soldat 2/3, matricule 54411, tué aux combats de l'Yser 18/31 octobre 1914.
BOITE Fernand-Henri, né en 1898 et décédé en 1921.
BUFFART Edmond
CHEVALIER Ful ?, combattant.
DANNEAU Achille Louis Joseph, né à Sirault le 29 juillet 1888, décédé le 18 août 1914 à Hougaerde.
DEBAY Maurice, combattant.
DELEPINE Louis Auguste, né le 13 novembre 1882 à Hautrage, combattant., unité Ligne, matricule 101.53220.
DEMELIN Sylvain, né le 17 février 1884 à Sirault, combattant, unité Bataillon chemin de fer, matricule 2193.
DEWIN Englebert (cimetière de Sirault)
DUBUISSON Fernand, caporal au 2ème Chasseurs à pied.
DURUIVERRE, J-B, 5ème de Ligne.
GIGOT Nestor, combattant.
HAUTECOEUR Henri Clovis, né le 29 novembre 1890 à Sirault, unité Ligne, matricule 105.53084, décédé le 26 août 1914 à Houthem-lez-Vilvorde.
HAZETTE René, soldat au 7ème de Ligne.
HANSEZ Max, 1885-1930 (cimetière de Sirault)
LAUBIN Marcel, Capitaine du 2ème chasseurs à pied, blessé, soigné à l'Italien Hospital Queen's Square, W.C.
LAURENT François, blessé, soigné au Milton Hospital en 1914
LEBRUN Léon, sergent au 5ème Chasseurs à pied.
LEFEBVRE Oswald, né le 6 mai 1884 à Sirault, combattant, unité Chasseurs à pied, matricule 48525.
LEGRAND Oscar, combattant
LELEUX Charles J, né le 24 décembre 1879 à Sirault, combattant, unité Ligne, matricule 101.52686.
LELEUX Jules, né le 7 juin 1892 à Sirault, décédé le 18 juillet 1949, 2ème chasseurs à pied, blessé en Angleterre en 1916 (2 chevrons de guerre).
LENOIR Emile, né le 1 février 1893 à Sirault, décédé à Mauthausen le 17 mars 1945.
LETE Emile, né le 3 septembre 1893 à Sirault, nettoyeur de locomotives, soldat chasseurs à pied, matricule 54136, décédé le 15 octobre 1914 à Anvers
LESTRADE Louis. J, dit le Tonnelier, né le 5 janvier 1887 à Sirault, soldat au 2ème Chasseurs à pied, matricule 49903.
LETE Emile, né à Sirault, décédé le 15 octobre 1914 à Anvers. Soldat de 2ème classe, de Chasseurs à pied.
LHOIR Armand Amand, né le 25 octobre 1882 à Sirault, unité Ligne, matricule 104.51332, décédé le 18 janvier 1970.
LHOIR Alfred, interné à Zeist (Hollande).
MARECHAL Henri, caporal 2ème régiment de chasseurs à pied, né à Sirault, interné à Amersfoort au Pays-Bas.
MIROIR Amand Benoît, né le 20 ou 29 juillet 1892 à Sirault, soldat de 2ème classe, matricule 52820, décédé le 22 septembre1915, ambulance "Ocean" à la Panne. Inhumé le 23 septembre à Adinkerke.
ROSIER Odon Edouard, né le 25 août 1886, décédé le 04 octobre 1918 à Bourbourg (Broekburg) Nord de la France.
SIMONIS René, Clément, Thomas, né à Uccle le 11 juin 1895, décédé le 06 septembre 1918 dans le secteur des cinq chemins à Langemarck..
SOUTENAIRE Gustave, né à Sirault le 20 février 1892, maréchal des logis du corps des transports, génie de la 4ème D.A., domicilié à Hautrage, décédé à l'hôpital N° 37, à Granville, le 23 décembre 1915, inhumé en cette localité le 25 décembre 1915.
VAIRONT Edouard Emile, né le 7 novembre 1885 à Sirault, combattant, unité grenadier, matricule 45053.
VANDRISSCHE, René, combattant, blessé, soigné à l'Ambulance Sainte-Famille, place des Fabriques en 1914.
VERSAILLE Fernand, né le 29 janvier 1884 à Baudour, combattant, unité Ligne, matricule 53090. (cimetière de Sirault)
Dubuisson Fernand
Lebrun Léon
Lestrade Louis. J.
Dit le Tonnelier
Jules Leleux, 2ème chasseur à pied.
Ancien combattant, il fut blessé en 1915, et soigné à St. Anne's Home, Streatham Hill en Angleterre.
Jules Leleux
Liste des déportés en Allemagne et en France
- BLONDIAU Maurice
Habitants de Sirault
Parmi les épreuves les plus cruelles que connut Sirault durant la Première Guerre mondiale, la déportation de plusieurs de ses habitants vers l’Allemagne reste l’un des épisodes les plus douloureux de cette sombre période. Sous l’occupation allemande, des civils furent arrachés à leurs foyers, souvent sans explication, accusés à tort de sabotage, de refus de collaboration, ou simplement pris dans les rafles arbitraires destinées à alimenter la main-d’œuvre dans les usines du Reich.
Ces hommes furent emmenés de force vers des camps de travail ou des lieux de détention en territoire ennemi. Là, ils durent affronter l’exil, la faim, le froid, les maladies et la brutalité quotidienne de leurs geôliers. Coupés de leurs familles, privés de tout repère, ils durent survivre dans des conditions inhumaines, avec pour seul espoir un retour qu’ils n’osèrent parfois plus imaginer.
Parmi les déportés siraultois, six n’eurent jamais la chance de revoir leur village natal. Debay Silva, Degobert Louis, Dincq René, Dupuis Sylvain, Leclercq Théophile et Lecocq Jules moururent en captivité, victimes de la cruauté du système qui les avait emprisonnés. Certains succombèrent à l’épuisement ou à la maladie ; d’autres furent probablement les victimes directes de mauvais traitements. Leurs noms, aujourd’hui inscrits sur le monument aux morts, rappellent le prix que Sirault a payé pour son attachement à la liberté et à la dignité humaine.
Leur mémoire est précieusement entretenue par la communauté, qui continue, génération après génération, de leur rendre hommage comme à des martyrs civils tombés pour la patrie. À travers eux, c’est toute une population qu’on a voulu briser, mais qui, dans sa douleur, a trouvé la force de résister, de se reconstruire et de ne jamais oublier.
Sirault Neufmaison Villerot
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